• Lecture et implicite


  • http://www.lemonde.fr/societe/article/2014/05/27/l-espoir-d-une-hausse-du-niveau-des-eleves-en-primaire-s-eloigne_4426684_3224.html#

    LE MONDE | 27.05.2014 à 11h44 • Mis à jour le 28.05.2014 à 06h30 |Par Maryline Baumard

    Le 12 septembre 2013, le ministère de l'éducation nationale annonçait que le niveau des élèves à la sortie de l'école maternelle avait largement progressé entre 1997 et 2011. La nouvelle était de taille puisque c'était la seule amélioration de niveau observée depuis une vingtaine d'années dans le système éducatif français. Pour vérifier si les élèves avaient capitalisé sur ces acquis précoces, la direction de l'évaluation du ministère, la DEPP, a réinterrogé dans la foulée ces mêmes enfants, alors en CE2. Et pour que le comparatif soit aussi temporel, ils les ont soumis aux mêmes exercices que leurs aînés quatorze ans plus tôt.

    Avec la publication de ces résultats s'évanouissent les espoirs d'une hausse du niveau. C'est plutôt une baisse qui prévaut en français et en mathématiques. Les enfants nés en 2005 obtiennent les mêmes scores que ceux nés en 1991 en compréhension des consignes et des textes faciles ou en reconnaissance de mots. En revanche, ils sont moins à l'aise avec un texte court contenant de l'implicite, connaissent moins de vocabulaire, maîtrisent moins bien l'orthographe.

    En mathématiques, leur niveau n'a progressé qu'en technique de la soustraction. Il est globalement stable en calcul et en mesure. En revanche, les figures géométriques, la résolution de problèmes, la gestion des données d'un tableau, le rangement des nombres sont nettement moins bien maîtrisés aujourd'hui qu'en 1999.

    Ces tests révèlent globalement une situation plus inquiétante en mathématiques qu'en maîtrise de la langue. Il y a quatorze ans, 40 % des élèves résolvaient correctement la série de problèmes proposés. Aujourd'hui, ils ne sont plus que 32 %. La directrice de la DEPP, Catherine Moisan, qui est aussi agrégée de mathématiques, estime que les copies des élèves pointent des lacunes en « conscience des nombres ». Aujourd'hui, seuls 65 % des enfants de CE2 savent comparer 200 + 70 + 5 et 200 + 40 + 5. « Il faut se demander si les enseignants ont assez d'outils à leur disposition », lançait Mme Moisan en présentant ces résultats.

    « TRAVAILLER DE FAÇON PLUS SCIENTIFIQUE LA COMPRÉHENSION »

    Question d'autant plus cruciale que la très grande majorité des maîtres du primaire sont de formation littéraire. Pour Rémi Brissiaud, chercheur à Paris-VIII sur l'enseignement des maths, la mode de la récitation de la frise numérique en maternelle (1, 2, 3, 4…) brouille les cartes et laisse croire à tort qu'un enfant qui compte bien a conscience de ce qu'est un nombre. Pour Jean-Paul Fischer, professeur en psychologie du développement à l'université de Lorraine, s'ajoute le problème du temps consacré à la discipline qu'il estime « trop faible ». En CP et CE1, les élèves font 5 heures hebdomadaires de mathématiques contre 10 heures de langage…

    En français, les évaluations de CP avaient montré que ces enfants étaient entrés en primaire avec un bon niveau en décodage (B + A = BA). Malheureusement, cela n'a rien changé sur leur compréhension de textes difficiles. Cette déficience est un vrai problème sur lequel 20 % des jeunes Français butent dans toutes les évaluations nationales ou internationales.

    La tentation de revenir à une maternelle plus ludique serait une erreur, d'après les travaux de Maryse Bianco, maître de conférences à l'université de Grenoble. Pour elle, mieux on décode, plus on lit et plus on lit, mieux on lit… Un avis partagé par Michel Fayol. Depuis son laboratoire de psychologie sociale et cognitive de l'université de Clermont-Ferrand, ce spécialiste des apprentissages insiste aussi sur le fait que « les progrès de ces dernières années en décodage sont essentiels car c'est un passage obligé pour entrer en lecture ; mais l'enquête sur les CE2 nous montre que pour faire de bons lecteurs, il va falloir travailler de façon plus scientifique sur la compréhension des textes et le vocabulaire ».

    « PARADOXE »

    Les enseignants ont en effet été largement sensibilisés à l'importance de l'étape du décodage depuis les années 2000 et les travaux du médecin grenoblois Michel Zorman. Beaucoup d'outils ont été conçus pour aider les professeurs des écoles dans cette tâche. En revanche, « si tout le monde sait qu'il faut travailler la compréhension des textes très tôt avec les jeunes enfants et les aider à élargir leur vocabulaire, les outils manquent cruellement pour la classe, regrette Michel Fayol. C'est un paradoxe car nous sommes en pointe en recherche scientifique sur la compréhension. Maryse Bianco et son équipe ont mis au jour le type d'activités le plus efficace en la matière. Il reste à créer des outils utilisables par les maîtres », rappelle le chercheur.

    Si les résultats du ministère sont une nouvelle claque pour l'école, ils ont le mérite de montrer un chemin, en mettant le projecteur sur l'urgente nécessité de transformer les résultats scientifiques en outils pour les enseignants. L'avancée sur le décodage, la stagnation sur la compréhension, voire la baisse du niveau en mathématiques ne peuvent être lus autrement. Une voie se dessine donc poursortir des débats stériles qui, en opposant les méthodes, ont fait oublier qu'il y a des consensus scientifiques.

    Reste à savoir qui sera le ministre de la diffusion des résultats scientifiques auprès des enseignants. Une réponse rapide serait bienvenue dans une école en souffrance où le maître et l'élève paient au prix fort le temps perdu.

    • Maryline Baumard 
      Journaliste au Monde

    Comprendre l’implicite dans un texte court

    « Claude, quand Dominique sera rentré (sic)* à la maison, dis-lui de vite se préparer. Soyez prêtes lorsque nous arriverons ! » Après avoir lu ce court texte, les élèves de CE2 devaient répondre à une série de questions. Qui a pu signer ce message ? 56 % avaient répondu « papa et maman » en 1999, ils sont 51 % en 2013. Dans quel ordre toutes les personnes doivent-elles rentrer à la maison ? En 1999, 58 % ont su cocher la réponse « Claude, Dominique, les parents ». Ils ne sont plus que 50 % en 2013. A qui ce petit mot est-il adressé ? 70 % répondent Claude en 1999, 71 % en 2013. Dominique est-il un garçon ou une fille, quel mot le montre ? 20 % répondent correctement en 1999, 17 % aujourd’hui. Claude est-il un garçon ou une fille ? Le score reste stable, à 12 % de réussite.

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    Article commenté par DoubleCasquette sur son blog : ici et ici.

     

    * L'erreur de copie dans l'article du Monde est du fait du journal et non des rédacteurs des évaluations ou des imprimeurs. Voir ci-dessous la page 16 des évaluations nationales CE2 1999 :

     

    L’espoir d’une hausse du niveau des élèves en primaire s’éloigne (Le Monde, 27.05.2014)

     

    Voir les Évaluations nationales CE2 de 1997 à 2005.

     


  • Ce document est extrait du site de la circonscription de Vendée (85) cité ci-dessus.

    Jean-Paul Rocquet est Inspecteur de l'Education Nationale honoraire. Il propose dans ce document des activités d’entraînement aux stratégies qui permettent aux élèves de répondre aux questions.

    Télécharger « JPRocquet_Lecture et implicite minitextes.pdf »


  • Auteur : Roland Goigoux.

    Source : http://www.cndp.fr/bienlire/01-actualite/document/goigoux.pdf

    Comment organiser et planifier l’enseignement de la lecture aux différentes étapes de la scolarité primaire ?
    Comment doser les différentes composantes de cet ensemble ? Quelle est la pertinence des diverses méthodes ?

    Télécharger « goigoux PIREF 2003.pdf »


  • Auteurs : Roland Goigoux, Sylvie Cèbe.

    Les choix pédagogiques et didactiques reposent en grande partie sur les conceptions et les représentations que les enseignants se font de l’origine des difficultés éprouvées par ses élèves. Or, toutes les hypothèses ne se valent pas. Certaines amènent à mettre en œuvre des pratiques éducatives que nous considérons comme contre-productives du point de vue du développement intellectuel, de l’acquisition de connaissances spécifiques et de la réussite scolaire parce qu’elles ne prennent pas en charge les difficultés fonctionnelles des élèves les moins performants. Dans cet article, quatre
    hypothèses dominantes à l’école maternelle sont contestées : un pré-requis de socialisation, une immaturité développementale, un déficit expérientiel et un manque de motivation.

    Télécharger « Binet_99 influence pratique enseignements.pdf »

     






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