• Rémi Brissiaud, Lecture : Une autre façon d’aller vers une éducation basée sur la preuve

    Partie 1 : http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2014/04/04042014Article635321946980819517.aspx

    Partie 2 : http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2014/04/07042014Article635324487489828633.aspx

    Début : 

    Le courant d’idées prônant une « éducation basée sur la preuve » (« evidence-based education » en anglais) est né dans un contexte anglo-américain avec l’objectif d’aborder de manière plus rationnelle les problèmes éducatifs afin d’améliorer les politiques dans ce domaine. Ce courant a deux faces : une face « recherche » incarnée par des chercheurs qui pensent disposer d’une méthodologie scientifique permettant de dégager les pratiques pédagogiques efficaces, et une face « gestion de la politique éducative » incarnée par des décideurs politiques ou institutionnels qui pensent que les connaissances « basées sur la preuve » ainsi élaborées, doivent réorienter les politiques scolaires et les pratiques d’enseignement : programmes scolaires, outils didactiques utilisés dans les classes, etc.

     

    En France, le principal relais institutionnel de ce courant est l’association « Agir pour l’école », la branche de l’« Institut Montaigne » qui se préoccupe d’éducation. Créée en 2010, cette association compte parmi ses parrains Jean-Michel Blanquer, l'ancien directeur de l'enseignement scolaire (DGESCO) sous Chatel et durant les 5 premiers mois de Peillon, une figure de proue de la face "politique éducative" du courant. Elle est dirigée par Laurent Cros qui a été l'adjoint d'Alexandre Siné, le propre directeur de cabinet de Peillon à partir de décembre 2012, lorsque tous les deux étaient spécialistes des questions scolaires à Bercy sous Sarkozy. C'est dire l'influence prépondérante de ce courant, via cette association notamment, au sommet du ministère de l'Éducation nationale, même sous Peillon. D'où des conflits politiques au plus haut niveau, au point qu'un observateur avisé comme Emmanuel Davidenkoff a pu décrire une Éducation nationale "tétanisée en son sommet par des querelles de hauts fonctionnaires" (1). Cependant, au-delà des personnes, ces querelles sont bien des divergences d'orientation.

     

    Le lobbying de cette association est donc à l’œuvre et elle cherche à peser de tout son poids sur l’élaboration des programmes pour l’école maternelle et élémentaire qui, comme on le sait, est engagée. Les chercheurs qui s’inscrivent dans ce courant, comme n’importe quels chercheurs, souhaitent voir leur travail influer sur la politique éducative de notre pays. Aussi prennent-ils de plus en plus souvent la parole de manière publique dans ce moment critique pour l’avenir de l’école.

    C’est dans ce contexte qu’il faut apprécier l’interview de Stanislas Dehaene dans Le Monde du 20 décembre dernier, celle qui est qualifiée de « coup de gueule » sur le site moncerveaualecole.com. Le lancement de ce site, la réaction de Franck Ramus à l’analyse que j’en ai faite (cf. ici), ainsi que diverses interventions de Bruno Suchaut, doivent également être reliés à ce contexte.

    Le but de cet article n’est évidemment pas de plaider en faveur d’une éducation qui ne serait pas fondée sur la preuve : bien sûr qu’il convient d’aller vers plus de raison dans les choix faits en matière d’éducation, qui pourrait penser autrement ? Son but est de montrer qu’il existe une autre façon de le faire, que cette autre façon correspond à une autre logique scientifique et sociale et qu’elle serait beaucoup plus efficace et respectueuse des enfants et des enseignants.

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